Pour échapper au capitalisme zombie, vive le convivialisme !

Ce nouvel article part d’un postulat simple : Tous nos problèmes actuels viennent des immigrés et des arabes !! Blague à part, je vais essayer d’élever le niveau…

J’estime, après beaucoup d’autres, que les idéologies et philosophies politiques du passé ne peuvent pas répondre aux enjeux du présent. Albert Einstein le disait déjà à son époque : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même niveau de pensée que celle qui l’a créé ». En ce début de 21e siècle, il est urgent de changer de niveau de pensée car nous ne vivons pas une crise « normale » du libéralisme, du capitalisme…qui se résoudra par un nouveau bond technologique ou une bonne vieille guerre. La crise est systémique, multiple et touche tous les continents. Notre époque moderne qui s’est notamment ouverte avec la philosophie des Lumières est totalement en bout de course et nous plongera vers l’abîme sans un sursaut d’envergure !

La conviction que demain sera meilleur qu’aujourd’hui est rompue. Les inégalités se creusent à nouveau, les tendances autoritaristes se renforcent et l’entrée dans l’Anthropocène, cette nouvelle période géologique caractérisée par la modification des conditions d’habitabilité de la Terre, compromet jusqu’à la pérennité même de l’aventure humaine. Il est urgent de penser des alternatives écologiques et post-capitalistes aux 4 principales philosophies politiques dont nous sommes les héritiers, à savoir : libéralisme, socialisme et leurs variantes anarchisme et communisme. Elles ont marqués le paysage politique des derniers siècles et amenées des progrès incontestables (démocratie, laïcité, droits de l’homme, progrès matériel pour certains tout du moins…)  mais aujourd’hui elles ne sont plus en mesure de faire face aux défis totalement nouveaux de notre époque. On le ressent tous plus ou moins, ce qui crée une peur de l’avenir. Le taux de natalité en forte baisse partout en occident est un indicateur qui ne trompe pas. Pour y faire face, différents récits s’opposent : les récits de la « forteresse », du « mondialisme » et de la « solidarité ».

Les deux premiers récits, nous les connaissons (trop) bien car ils accompagnent nos vies et sont largement présent dans les médias. La pensée « mondialiste » est aux manettes des principaux pays occidentaux depuis les années 80. Elle promeut le libre-échange, la déréglementation financière, la privatisation, la croissance verte et les technologies high-tech. Le président Macron en est le parfait représentant politique ! Face à cela, les défenseurs de la « forteresse », les nationalistes et autoritaires de tous poils reviennent sur le devant de la scène depuis plusieurs années. Les dirigeants de ce courant transforment les autres en bouc émissaires (musulmans, migrants, commission européenne, les « pauvres », etc.). Ils alimentent ainsi la haine et la division. C’est LePen/Zemmour en France et dans d’autres parties du monde : Modri, Trump, Bolsonaro, Orban, etc.

Les premiers, qui œuvrent à l’extension planétaire d’un capitalisme rentier et spéculatif, aspirent à la toute-puissance économique, à toujours plus de richesse. Ils saccagent la planète. Les seconds mobilisent le désir de toute-puissance politique et identitaire. Ils secrètent la haine et les pulsions meurtrières.Ces deux premiers récits (mondialisme technocratique vs nationalisme xénophobe) bien qu’opposé en apparence s’entrecroisent et ne sont pas hermétique l’un à l’autre. Ils sont globalement d’accord sur le fonctionnement économique, la répartition des richesses, la valeur travail, l’écologie de façade, l’autoritarisme démocratique, etc.

Le troisième récit – celui de la solidarité – est radicalement différent. Largement sous les radars, il appelle notamment à la résistance contre les puissants, les défenseurs du chacun pour soi et de la poursuite capitaliste du profit. Ce récit s’appuie sur un socle idéologique et des valeurs issus des 4 coins du globe qui peuvent être regroupés sous le terme de convivialisme. Ce nouveau récit solidariste / convivialiste né au début des années 2000 avec est à mon sens une des voies les plus prometteuses à l’heure actuelle ! C’est cette troisième voie qui sera développée dans cet article.

« Dans tous les cas, l’espérance mène plus loin que la crainte » Jünger

Le capitalisme sous sa version néolibérale s’est mué en fait social total. Il est multidimensionnel et modèle les sphères : politique, économique, culturelle, sociologique, artistique et technologique. Il nous influence profondément et façonnent nos existences. La lutte pour imposer d’autres mondes doit par conséquent rivaliser d’ambition en s’attaquant à la racine du problème : la croissance économique, le productivisme, la rhétorique du progrès, la rationalité instrumentale, le patriarcat, l’anthropocentrisme, le racisme, le sexisme, etc. Le but global est de dessiner les contours d’une nouvelle idéologie pluri-versalisable, adaptée à l’urgence actuelle et de portée mondiale même si son application sera nécessairement locale et conjoncturelle.

Ça semble utopique car c’est bien connu, il n’y a pas d’alternative (« There is no alternative » TINA) mais assumons de rêver quelques instants. Avec notre cœur, avec notre bon sens… et aussi avec notre raison.  Le convivialisme est une philosophie politique qui se propose de fournir un socle pour cette nouvelle idéologie dont l’objectif est de bien vivre ensemble dans le cadre des limites planétaires. Ce n’est pas un programme politique mais plutôt une base idéologique, des valeurs centrales sur lesquels une grande partie de l’humanité est susceptible de se mettre d’accord.

Ci-dessous les 6 grands principes du convivialisme :

  • Principe de commune naturalité. Tous les êtres vivants font partie de la Nature et sont en interdépendance vitale avec elle. La Nature n’est pas un simple réservoir de ressource à exploiter.
  • Principe de commune humanité ou, si l’on préfère, de respect des différences, qui interdit toutes les formes de discrimination et de stigmatisation. Aurons-nous la naïveté de croire qu’il peut y avoir deux, humanités, deux planètes en une, l’une surpeuplée et miséreuse, l’autre barricadée et opulente ? Alors que nous formons « une seule famille » sur une planète devenue trop étroite. Il n’y a pas de planète ou d’humanité de rechange.
  • Principe de commune socialité, qui stipule la nécessité absolue de veiller à la qualité des relations sociales. Nos liens sociaux sont notre plus grande richesse entre nous. La société nous donne car nous lui donnons.
  • Principe de légitime individuation. Chaque être humain est unique et les rapports sociaux doivent être organisés de telle manière que chacun.e puisse se réaliser sans nuire à autrui.  
  • Principe d’opposition créatrice. Il est normal que les humains n’aient pas tous la même sensibilité, le même regard, les mêmes préférences, les mêmes avis…L’objectif est de permettre aux humains de coopérer « en s’opposant sans se massacrer (et de se donner sans se sacrifier) ».

Aucun principe ne peut s’imposer comme le seul légitime en ignorant les autres : ils sont solidaires comme un nœud borroméen. Enfin, ces 5 principes pour fonctionner et rester en équilibre dynamique doivent respecter un impératif catégorique de modération, de maîtrise de la démesure. Cela nécessite des institutions politiques, juridiques, morales, qui limitent les potentialités d’hybris de chaque humain.

De ces grands principes découlent quatre orientations générales minimales pour une politique inspirée du convivialisme :

1. Redonner vie et approfondir à l’idéal démocratique (cf. mon article sur la démocratie) en articulant systématiquement démocratie représentative parlementaire, démocratie d’opinion et démocratie directe et participative (via des conférences de citoyen·ne·s et des référendums d’initiative citoyenne, et en instaurant une démocratie effective dans l’entreprise).

2. Viser à l’horizon 2040-2050 un objectif écologique triple zéro : zéro émission nette de gaz à effet de serre ; zéro consommation d’énergies fossiles ; zéro déchets hautement toxiques et à risques majeurs.

3. Mener une lutte résolue en faveur d’une réduction significative des inégalités. Ce qui implique l’instauration inconditionnelle d’un revenu minimum et la fixation d’un plafond de revenu et de patrimoine, dès lors que leurs montants seraient majoritairement perçus comme moralement (ou socialement) inacceptable.

4. Promouvoir un universalisme pluriel (un « pluriversalisme ») qui permet aux différentes, cultures, religions ou philosophies de dialoguer en s’opposant sans s’entretuer.

Bien entendu, les obstacles sont nombreux et redoutables pour déployer une politique convivialiste et incarner ces principes mais partout, de nombreux groupes prennent les rênes de leur avenir en main en essayant de réinventer la politique, l’économie, le rapport à la nature, la socialité, etc. Des milliards de citoyens partagent déjà la même indignation face à la démesure et aux inégalités extrêmes (cf. mouvement Occupy, 15-M, Nuit debout, zapatistes, etc.). Il y a également le sentiment croissant d’appartenir à une communauté humaine dont les membres participent aux mêmes combats. Nous partageons, au moins implicitement, le projet de la convivialité et de l’émancipation.

À mon sens, le mouvement convivialiste peut permettre d’archipéliser ces îlots de résistance/création, créer un mouvement majoritaire, sortir des marges et faire système.

« On ne mène pas un combat parce qu’on est sûr de le gagner, mais parce qu’il est juste à mener.» Auteur Inconnu

Je suis persuadé qu’en bifurquant et en avançant dans ces directions nous aurions, collectivement et individuellement, beaucoup à gagner. Cela nous libérerait en partie de comportement consuméristes, matérialistes, individualistes, utilitaristes et productivistes au profit de façons de vivre plus favorable au lien social, à la solidarité et à la convivialité.

Face au marasme ambiant, le convivialisme fournis une ligne d’horizon désirable, une bouffée d’air frais ! Loin de nous donner une nouvelle recette unique à appliquer de manière similaire partout sur le globe, elle propose des fondations pour un monde pluriversel, un monde ou une multitude de mondes cohabitent selon la définition des zapatistes du Chiapas. 

Pour devenir une force réelle, il reste à partager notre prise de conscience et bientôt nous serons des milliards à pouvoir dénoncer ensemble ceux qui s’opposent à l’avancée du convivialisme. Alors, les projets portés par le convivialisme aboutiront.

« Pourquoi rester dans le chacun chez soi quand il y a tant de châteaux à raser ensemble ? » Thomas Moreau

Plus d’infos sur le Second Manifeste convivialiste – Vers un monde post-néolibéral – qui a réuni 275 cosignataires de 33 pays sous le nom de Internationale Convivialiste ICI.

2 réflexions au sujet de « Pour échapper au capitalisme zombie, vive le convivialisme ! »

  1. Toujours aussi intéressant, tellement bien écrit et surtout plein d’espoir… il ne tient qu’à nous, pour nos enfants. Merci JB !

  2. Droit de réponse d’un lecteur pas en phase avec le convivialisme 😉

    « On ne peut pas accuser le mondialisme ou des personnalités politiques ciblées, d’être à l’origine de tous nos maux comme on ne peut pas limiter les tendances politiques de la planète aux seuls libéralisme et capitalisme!
    Notre planète est mise en danger dans de nombreux domaines : ressources
    énergétiques qui s’épuisent, bio masse qui se réduit, une pollution effrénée, le
    réchauffement climatique, des menaces d’extinction sur la faune et la flore etc… Bref la liste est longue et elle s’allonge régulièrement car elle est étroitement corrélée à l’évolution de l’être humain qui a un énorme impact sur son environnement…
    Ces terribles maux qui conduisent inexorablement à la destruction de la planète, proviennent des actions de l’être humain dictées par son essence même et à sa nature profonde. Il nous faut faire ici une rapide introspection pour comprendre la situation dans laquelle nous nous sommes nous mêmes placés…

    Une société idéale ?
    Prenons un peu de recul et surtout affranchissons nous de toute idéologie
    politique : depuis que l’Homme est présent sur cette planète, on peut sans nul doute constater qu’après ces centaines d’années, voire de millénaires
    d’évolution, tous les régimes politiques et modèles sociaux imaginables ont été éprouvés sur toute la planète, dans tous les pays du monde : république,
    socialisme, social démocratie, communisme, monarchie, monarchie
    constitutionnelle, libéralisme, autocratie, ploutocratie, dictatures, et plus
    récemment le califat territorial et l’oligarchie institutionnelle…
    La vie de notre planète est marquée dans son histoire par toutes ces
    civilisations dominatrices ou ces dynasties historiques qui se sont succédées et ont connues un essor, un rayonnement, une évolution technique, artistique,
    philosophique, nimbée de toutes formes de spiritualités. Pourtant aucune de
    ces civilisations ni dynasties n’a survécue ! Elle se sont toutes, sans exception,
    effondrées sur elles même pour disparaître à jamais : les Egyptiens, les
    Aztèques, les Mayas, les Romains, les Perses, les Grecs, etc…
    Aujourd’hui quel est le bilan ? Avons nous tiré quelques leçons de ces multiples expériences passées ? Le monde a t-il gagné en sagesse, en paix et en stabilité? Le monde évolue t-il vers un modèle apaisé en harmonie avec la
    nature ? Un modèle social bâti sur un régime politique idéal nimbée d’une religion bienveillante, s’est il imposé au reste du monde comme le flambeau de l’Humanité?
    Las ! L’un des problèmes de l’Homme est qu’il a beaucoup du mal à tirer des
    leçons du passé et est plutôt enclin à reproduire les mêmes erreurs. Il a au
    contraire, une forte propension à les reproduire avec des approches peut être
    différentes, mais produisant pourtant les mêmes méfaits. Son évolution vers la sagesse est donc très lente, voire inexistante …

    La mondialisation : l’essence de l’être humain
    En revanche, c’est surtout la formidable faculté d’adaptation de l’être humain,
    capable de vivre en tous milieux climatiques extrêmes en particulier polaire,
    désertique, marin ou montagnard. Cette qualité, doublée d’une insatiable
    curiosité, ont développé sa mobilité géographique, qui a permis de multiples
    échanges entre des civilisations, des régimes politiques et des cultures
    religieuses sur le plan du commerce, de la culture, des évolutions de langues,
    de la technologie, des sciences etc…
    Cette curiosité le pousse à une mobilité géographique sans limite et
    permanente et permet d’énoncer que toute nation résulte de nos jours, d’un
    mélange subtil de tous ces particularismes ou identités propres à chacune de
    ces nations éparpillées sur la planète.
    En effet, ces avancées ont été piochées deci delà sur le simple critère que cela
    facilitait, en premier, la subsistance de l’Homme : techniques de chasse, de
    pêche, d’élevage d’animaux domestiques, d’agriculture, etc…
    Puis, lorsque la subsistance est assurée, vient ensuite l’échange de toute
    technique permettant de faciliter la vie de l’homme : toutes les sciences en
    particulier celles qui soulagent le travail de l’homme : la mécanique,
    l’hydraulique, l’électricité. Et surtout les progrès les plus spectaculaires sont
    ceux consacrés aux moyens de transport (terre, air, mer) et les moyens de
    communication et d’information…
    Prenons par exemple la langue française qui a évoluée au cours de son histoire, ce qui en fait une langue vivante, pour intégrer dans son dictionnaire des mots provenant d’autres pays culturellement différents, mais avec lesquels la France a échangé au cours de son histoire : bistro (russe), redingote ( « riding coat » anglais), bazar (persan), méchoui (arabe), etc…
    Ce phénomène immuable et qui caractérise l’être humain peut se résumer par
    un seul mot moderne : la mondialisation. Elle fait partie intégrante de la nature humaine et a contribué à son évolution. La mondialisation est une aspiration naturelle et très forte des peuples de la Terre qui veulent disposer de la libre circulation des biens, des personnes, des marchandises, des flux monétaires, voire des services sur toute la planète. Elle repose sur un besoin irrépressible de l’être humain à être plutôt matérialiste, c’est à dire à vouloir s’attacher aux biens et aux plaisirs matériels.
    – Par exemple, les Indiens Yanomami vivant au milieu de la forêt amazonienne
    veulent avoir accès à des produits manufacturés de grande diffusion et peu
    onéreux, comme de simples bassines ou autres ustensiles en plastique qui
    apportent un confort de vie non négligeable dans ce milieu particulièrement
    hostile…
    – De même les Inthas qui vivent sur le lac Inle en Birmanie, ont besoin au
    quotidien de naviguer à l’aide de moteurs diésel bas de gamme de marque
    chinoises : ils ne reviendront plus à la pagaie…
    – Pour finir, dans quel pays ne trouve-t-on pas aujourd’hui une offre très large
    en téléphones portables? Le monde entier détient un téléphone portable
    même dans les pays les plus pauvres où la famine comme les maladies
    sévissent…On ne peut plus se passer de téléphone portable, il fait partie
    intégrante et indispensable de la vie au même titre que l’ampoule électrique
    dans les foyers, la machine à laver ou l’eau potable au robinet, etc…
    Bref l’être humain n’est pas prêt à revenir en arrière et à refuser ce que la
    technologie lui apporte : de la facilité dans le travail, de la sécurité, du confort,
    du plaisir et du contrôle sur toute chose…
    Cette mondialisation ne peut pas être combattue car ce serait aller à l’encontre de l’essence de l’être humain et par définition ce combat serait contre nature.

    Le mondialisme ou la mondialisation cupide
    Cette mondialisation ou libre échange reste relativement vertueuse tant qu’elle ne sombre pas dans l’excès consumériste qui la ferait basculer vers le
    mondialisme. En effet il ne faut pas confondre mondialisme et mondialisation ! Le mondialisme est une idéologie qui ne considère que le côté bassement mercantile de la mondialisation et qui avilie l’homme qui est alors considéré que comme « un consommateur global », matérialiste et surtout consumériste.
    Ce n’est le progrès apporté par la mondialisation qui est à blâmer, car on ne
    peut freiner le génie inventif de l’être humain qui repose sur une curiosité
    intellectuelle sans limite, ce qui d’ailleurs nous démarque de toute autre espèce vivante.
    En effet l’intelligence humaine, aiguillonnée par une insatiable curiosité, le
    pousse de façon irrépressible à trouver des réponses à ses questions. Et il se
    pose beaucoup de questions, et sur tous les sujets qu’il rencontre au fur et à
    mesure qu’il progresse dans sa connaissance ! Certes beaucoup de questions
    sont sans réponse, mais cela exacerbe encore plus son appétit de savoir,
    d’expliquer, de connaître donc d’assurer un peu plus la maîtrise du milieu dans lequel il évolue…

    Le plaisir de la récompense
    Mais le problème majeur rencontré est la façon dont l’homme utilise le progrès technologique. Et ce problème est lié au fonctionnement même de son cerveau. En effet le cerveau humain est addictif aux endorphines ; les endorphines, sécrétées par le cerveau, sont libérées dans le sang donc dans tout l’organisme dans des moments : d’effort physique, d’excitation intense, de douleur, ou lors d’un orgasme. Les endorphines agissent sur la douleur et provoquent également une sensation de relaxation, de de bien-être, voire dans certains cas, d’euphorie. C’est la petite molécule qui responsable de la reproduction de l’espèce ! Donc l’espèce humaine ne peut qu’augmenter en nombre d’individus ; si dans le même temps elle augmente son espérance de vie, grâce au confort de vie et réduit sa mortalité (santé, hygiène), alors le surpeuplement de la Terre est inévitable, dix milliards d’être humains prévus en 2050 !
    En complément, la dopamine est un neurotransmetteur, c’est-à-dire une
    molécule chargée de transmettre l’information entre les neurones. C’est la
    molécule « du plaisir et de la récompense », que le cerveau libère lors d’une
    expérience qu’il juge « bénéfique ». Cela peut être écouter une musique préférée, croquer dans du chocolat, déguster des cacahuètes ou des Curly à à l’apéro (qui est capable de ne manger qu’une cacahuète ou un Curly?), échanger avec un être aimé…
    Mais le phénomène majeur qui accélère le plaisir de la récompense c’est celui
    lié à la sur-communication proposée par Internet par l’intermédiaire des réseaux sociaux et des jeux vidéo. En effet constater sur les réseaux sociaux : un nombre de followers qui augmente à chaque publication, ou simplement
    constater le nombre croissant de likes, de coeurs, ou de pouces levés,
    constituent pour le cerveau autant d’expériences bénéfiques qu’il demande à
    renouveler sans cesse.
    Et c’est ainsi que partout dans le monde, par exemple dans les lieux publics tels que : les salles d’attente (médecine, services publics, gares, aéroports…), les arrêts de bus et de métro, les transports en commun, on rencontre l’être
    humain à la tête baissée sur son téléphone portable, sans un mot, sans un
    regard pour son entourage…Totalement désociabilisé en cet instant.
    Si on rajoute la télévision avec les séries offertes par le streaming, et les jeux
    vidéos eux aussi addictifs car offrant des niveaux de jeu toujours sans fin (le plus redoutable est Candy Crush) ou encore la diffusion de tous contenus vidéos sur tous supports numériques, alors ce sont plusieurs heures par jour consacrées à un écran et par les plus jeunes !
    C’est là, un excès, un hybris, une consommation excessive par l’homme d’un
    progrès technologique révolutionnaire…

    Insatiabilité du cerveau humain
    Ainsi le cerveau est addictif à la dopamine et il est insatiable, il en veut toujours plus ! Il lui faut donc impérativement communiquer avec l’extérieur pour multiplier les « expériences bénéfiques », c’est vital pour lui, c’est son crédo.
    Et pour communiquer le cerveau humain utilise tous les moyens dont il
    dispose : ce sont les cinq sens dont il est doté et sur lesquels il a un total
    contrôle. Pour cela il se spécialise dans des domaines où les sens seront très
    sollicités : l’art, la culture, la philosophie, l’architecture (vue), la gastronomie
    (gout – odorat – vue), la musique (ouïe), les parfums (odorat), la sculpture
    (toucher), le travail du bois (vue – toucher – odorat), la joaillerie (vue, toucher), la mode vestimentaire (vue), la vitesse (vue, toucher),…
    Et c’est ainsi que pour alimenter le cerveau en drogue addictive, l’homme
    tombe dans l’excès et la déraison qui lui font toujours aller vers le toujours plus dans la sur-consommation que lui proposent ses sens.
    Bref dans notre société comme pour la plupart autour de nous, l’individualisme est de plus en plus marqué…Ainsi comment consacrer du temps à un enfant alors que cet individualisme dopé par un matérialisme chronique pousse même les plus jeunes d’entre nous à passer de plus en plus de temps sur les écrans ?
    Il n’ y a plus de temps pour l’éducation des enfants qui sont livrés à eux-mêmes et que l’on trouve à traîner dans les rues à des heures indues. Cette addiction va plus à la hausse qu’à la baisse car les tentations pour satisfaire un cerveau accro à la dopamine sont légions :
    – moyens de communication privilégiés pour communiquer avec les groupes
    sociaux auxquels on est abonné par des applications de messagerie diverses
    : surtout Facebook à partir de 2004, et Twitter en 2006 : on communique en
    temps réel et tout sur tout…
    – mise en scène de tout acte de sa vie pour la faire partager aux autres et
    transmettre le message « vous voyez comme je vis bien, moi? Pas vous oh
    non !? » (photos d’assiette bien garnie, de cocktails, etc..
    – beaucoup de temps consacré au streaming avec en particulier l’accès à
    toute heure à une multitude de films ou de séries. On voit apparaître chez les
    plus jeunes des comportements addictifs avec des marathons de série où on
    se réunit devant un écran pour s’enfiler durant un week end, épisode après
    épisode la totalité d’une série avec toutes ses saisons.
    – énormément de temps passé à regarder les courtes vidéos que proposent :
    YouTube, TikTok, WhatsApp, Snapchat, Instagram…
    Les réseaux sociaux exploitent l’addiction du cerveau humain
    Bien entendu tous les fournisseurs d’accès, les concepteurs de réseaux
    sociaux et de jeux, maîtrisent très bien les failles du système cérébral de l’être
    humain qui le conduisent à se doper à la dopamine en exploitant le « circuit de la récompense ».

    L’addiction se crée toute seule avec certes un petit coup de pouce des
    concepteurs de réseaux sociaux qui analysent toutes les données de
    navigation, pour proposer, par un algorithme très puissant, un nouveau contenu proche de ce que l’utilisateur aime. Ce dernier est ainsi alimenté en
    permanence, impossible pour lui de refuser ce que l’écran lui propose puisque cela lui procure du plaisir !
    Les fléaux ultimes
    Fléaux ultimes pour l’être humain : alcool, drogue et tabagisme qui constituent le summum de l’addiction pour le cerveau : plaisir maximum en un minimum de temps. A tel point qu’il en redemande même si cela doit conduire à une déchéance physique et psychique du corps qui l’héberge.
    L’addiction aux écrans, quant à elle, avec toutes ses formes de sollicitations,
    constitue une nouvelle menace beaucoup plus insidieuse car elle est partie
    intégrante de la vie de tout un chacun. Elle concerne maintenant une population de plus en plus jeune et est annonciatrice de troubles cognitifs et relationnels importants qui sont à l’origine de violences et d’asociabilité de plus en plus profondes.
    En conclusion ce ne sont pas les objets du modernisme qui sont à blâmer, mais le monde irait beaucoup mieux si l’homme était tout simplement « raisonnable » avec l’emploi qu’il en fait des outils que lui apportent la technologie, l’innovation
    et le progrès…

    L’homme : prédateur et convivialiste ?
    En dehors de toute obédience politique, les seules haines que j’ai pu constater aujourd’hui sont de plusieurs ordres :
    – L’extrémisme ou l’intégrisme religieux dont la haine envers d’autres religions
    les poussent par un fanatisme délirant à commettre les pires exactions. Je ne
    suis pas sûr que ces gens là soient des adeptes du « convivialisme » !
    – En premier ce sont la haine, la méchanceté, la jalousie qui sont diffusées
    sournoisement et sans retenue sur tous les réseaux sociaux, blogs, sites
    internet par des internautes, complotistes de tout bord, bien cachés et à
    l’abri derrière l’anonymat d’un pseudonyme ou d’un alias et sur n’importe
    quel sujet ! Les réseaux sociaux sont alimentés en permanence par des fake
    news, déjà fabriqués de toute pièce par des intelligences artificielles
    génératives qui créent une illusion parfaite. Cette activité sur la toile est
    révélatrice du caractère de l’Homme : c’est dans sa nature et son essence
    même d’être un prédateur pour son homologue et pour la planète. C’est
    inscrit dans ses gènes, et dans ces conditions, vouloir en faire un
    « convivialiste » relève tout simplement de l’utopie !
    – la haine qui divise les peuples et des nations entières : nous sommes très
    très loin de former une même famille ! L’invasion ahurissante de l’Ukraine,
    pays européen et souverain, par la Russie témoigne de la prédation d’un
    peuple sur un autre.
    – La haine mondiale et décomplexée envers les Juifs qui est réapparue
    brutalement ces derniers mois après les attentats du Hamas en Israël le 7
    octobre 2023, alors que tout un chacun pensait que le dernier pogrom datait
    de la seconde guerre mondiale. On assiste là avec ce massacre
    complètement gratuit, à un passage à l’acte, minutieusement préparé et
    dans le plus grand secret. Il est révélateur d’un haine, sourde et féroce, qui a
    été entretenue, nourrie et lentement instillée. Cette haine a conduit à une
    barbarie absolue et innommable encore sans précédent dans l’histoire
    humaine, et pourtant il l’a fait.
    – Dans le monde politique français, je ne pense pas que LePen/Zemmour
    alimentent une supposée haine. Ils ne font que mettre en avant la préférence
    nationale lorsque le pays est en rupture sur ses fondations : une dette
    abyssale de 3.088 milliards d’euros au troisième trimestres 2023 (sources
    INSEE), et en corollaire des services publics en panne : le chômage qui ne
    baisse pas, l’accès au logement toujours très difficile, l’accès aux soins,
    l’éducation nationale qui ne remplit pas sa mission, la Justice qui est
    débordée etc… Quand on analyse ci bilan, on peut comprendre que dans
    ces moments de difficultés financières et structurelles, le pays a besoin de ce
    recentrer en priorité sur les siens et de vouloir contrôler l’accès des étrangers
    aux services publics, et d’une manière plus générale l’accès à la générosité
    de la France qui est l’un des pays les plus redistributeurs….
    L’homme convivialiste, un oxymore ?
    Il est édicté voire érigé comme des tables de la loi, des « grands principes du
    convivialisme…En prenant suffisamment de hauteur, voyons ce que ces
    principes proposent, car énoncer des principes est une bonne chose mais à
    condition qu’ils soient réalisables et étroitement corrélés avec la nature profonde de l’être humain.
    1) le principe de « commune naturalité » : le seul qui retienne mon attention car il
    est vrai et fondamental. En effet l’Homme doit prendre conscience qu’il fait
    partie intégrante de la Nature et qu’il en est un modeste élément. Il fait
    partie de la chaîne de Vie qui lie et relie entre elles les différentes espèces
    animales et végétales qui peuplent la planète. L’Homme n’a pas compris
    l’interdépendance qu’il existe entre toutes ces espèces et qui permet
    l’équilibre de la Nature et qui constitue les forces de la Nature : résiliente,
    généreuse et nourricière. La Nature n’est pas effectivement un simple
    réservoir destiné à satisfaire les besoins de l’Homme. Il doit la préserver
    pour éviter sa propre annihilation qui devient de plus en plus irrépressible.
    2) le principe de « commune humanité » : c’est de l’utopie pure car
    complètement contre nature ! Il ne peut y avoir une seule et même famille !
    L’histoire de l’Homme le prouve à travers ces millénaires d’évolution. Nous
    cultivons et nous entretenons nos différences ! Ainsi tout est fait pour nous
    démarquer les uns des autres et conforter notre appartenance à notre
    groupe. Ils sont plusieurs et peuvent être symbolisés par des cercles
    concentriques de plus en plus grands et qui sont d’autant de frontières
    entre les individus : la famille (le premier cercle, le plus fort), le citadin
    (l’habitant et le résident d’une ville/campagne, les voisins), la région
    administrative (pour la langue, les traditions, l’art et la culture), le
    département (marqueur fort par rapport aux autres), le pays pour les
    grandes causes : les rencontres internationales sportives, artistique,
    scientifiques etc…
    3) le principe de « légitime individuation » ou « que chacun se réalise sans nuire à autrui »! Autant demander au lion de devenir végétarien ! Ce principe ne peut
    pas être appliqué à l’Homme car il suggère qu’il devienne pacifiste ! C’est
    un voeu pieux, voire un oxymore ! Or, une nouvelle fois, l’Homme est un
    prédateur pour ses pairs : l’histoire qu’il a écrite depuis des millénaires n’est
    que prédation : il convoite ce que détient son voisin. C’est son moteur!

    CONCLUSION :
    On peut édicter encore une nouvelle politique ou nouvelle philosophie avec de beaux principes comme l’homme sait très bien le faire pour se donner bonne conscience. Mais lorsqu’ils sont en distorsion avec la vraie nature humaine, cette politique/philosophie est vouée à l’échec : irréalisable et complètement
    improductive.
    Les adeptes de ces soi-disantes philosophies salvatrices sensées résoudre tous les problèmes de l’être humain sont les « sculpteurs de fumée » : beaucoup d’effort pour aucun résultat car ils ne s’attaquent pas aux vrais problèmes.
    Il faut prendre du recul et voir quel est le moteur de l’être humain sur son
    histoire : c’est un prédateur pour lui même et sur les ressources de la planète
    qu’il consomme pour satisfaire une addiction de son cerveau aux plaisirs de la
    récompense.
    Un progrès serait de reconnaître ce constat et de l’admettre comme une
    donnée irrévocable : nous sommes faits comme cela, et c’est utopique de
    vouloir y changer quoique ce soit !
    C’est uniquement à partir de l’acceptation de ce constat qu’il est possible de
    jeter les bases d’une philosophie naissante par quelques principes robustes.
    Il faut tempérer l’hybris chronique de l’homme et l’emmener sur le terrain de la tempérance, de la modération, bref qu’il soit enfin raisonnable dans tous ses excès.
    Etre raisonnable en toute chose c’est bien, mais qui et comment va en définir le contenu et les limites? Les préceptes d’une religion bienveillante, non extrémiste et pour le coup conviviale, ne serait-elle pas le levier psychologique, l’emprise
    spirituelle bénéfique capable de tempérer l’action de l’Homme?
    Que dire finalement des 7 pêchés capitaux que sont : la colère, l’avarice, l’envie,
    l’orgueil, la gourmandise, la paresse, la luxure.
    Revenir aux fondamentaux : n’est ce pas une bonne base de départ ?

    Le paradoxe est que le monde est exactement là où l’homme l’a conduit depuisdes millénaires ! Ce sont des centaines de milliards d’hommes qui se sont
    succédés dans l’histoire de l’humanité qui ont construit le monde tel qu’il est
    aujourd’hui. Ce monde est donc l’émanation de ce qu’est l’homme : convoitise,
    chaos, plaisirs faciles. Il n’a subi aucune influence extérieure, dans ces
    conditions comment ce monde peut il être autrement ?

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